Qui se souvient d’une visite dans un galetas non chauffé? De ce léger picotement dans le ventre dû à la fraîcheur, à l’étroitesse, au peu de lumière et à l’odeur de poussière du lieu? Peut-être
que ce grenier-là a entre-temps été aménagé, que le nouveau matériau d’isolation est caché derrière des plaques de plâtre et que, à l’exception de quelques poutres apparentes, l’atmosphère semble aujourd’hui bien sobre. Et pourtant, il reste à la plupart de ces pièces suffisamment de toit pour que l’on se sente à l’abri en dessous.
C’est peut-être le manque croissant d’expériences élémentaires qui a fait que les pièces douillettes mansardées sont plus populaires que jamais en tant que modèle de conception. Dans ce numéro, nous ne présentons toutefois pas d’aménagements de combles, car ceux-ci ont déjà été abordés dans le cahier consacré aux surélévations (voir wbw 1/2 – 2017). Cette fois, il s’agit des espaces-toits entre ciel et maison. Nous les avons trouvés à Cambridge dans une salle du collège de Feilden Fowles ou dans l’Atelier Bermuda près de Genève. Le premier s’inscrit dans une longue tradition de salles représentatives et donc d’archétypes archaïques de communautés soudées se réunissant dans une construction en forme de tente. Le second est une protection matérielle et pragmatique contre les intempéries pour une colonie d’artistes et sa communauté, un abri, une grange. Les toits de Giraudi Radczuweit à Ascona et de Giuseppe Pizzigoni autour de Bergame suivent une autre voie: ils sont tous nés de la géométrie et moins de la tradition de la charpente (même si à Ascona, de grandes poutres en treillis se cachent derrière du textile).
Certains des toits présentés dans le magazine sont performants, soit parce que des matériaux optimisés permettent de couvrir un grand espace (généralement) commun, soit dans le sens où de l’énergie est produite par la membrane du toit. Tous utilisent le potentiel formel de la fermeture de l’espace vers le ciel et le rendent perceptible, toujours grâce à l’expertise de spécialistes de l’ingénierie. L’atmosphère est ainsi fournie quasi automatiquement comme valeur ajoutée. Dans ce numéro, nous plaidons pour plus de profondeur dans la construction. — Tibor Joanelly, Roland Züger